On ne pourra pas leur reprocher
une chose, c'est de ne pas avoir tenté.
Tenté de commencer directement
l'album en plein milieu d'un morceau, pour esquiver l'endormissement
que les leurs provoquent toujours, d'entamer le disque
au beau milieu de l'action, in medias res, lorsque le bœuf s'emballe,
vous savez ; tenté de foutre une gonzesse qui vocifère et incantationne,
t'as vu, comme une Pythie possédée sa mère, pour injecter la race
d'ambiance occulte et rituelle nani-nana ;
tenté de mettre à profit ce qu'ils ont appris, dans le cadre
de l'atelier Atomikylä, au contact des bien plus virtuoses Oranssi Pazuzu. Bref :
tenté de foutre Ufomammut et Bathsheba dans le coffre, et en voiture
Simone.
Mais Dark Buddha Rising restent
désespérément Dark Buddha Rising : des terrestres, des laborieux, des
pue-la-sueur, des attendrissants, des bourricots, qui jamment et jamment
et jamment, en attendant Godot, dont on sait
la fiabilité nulle ; à tout le moins sur le premier morceau, qui a la
mauvaise idée de s'arroger plus de la moitié d'un disque qui avait
pourtant la bonne idée, lui, de durer peu : on devra donc se contenter
des pauvres dix minutes qu'il laisse, à un second
morceau mieux inspiré avec son doom trip-hoppy, son format réduit (pour
de l'ambient) qui sait ménager de la frustration, donc du mystère, donc
du désir.
On l'en trouverait presque à la hauteur des promesses
électroïdes et macro-dub-infectieuses de la pochette
(si on y avait entrevu la bébête de Predator, en revanche, on restera
le bec dans l'eau), qui est encore ce que ce mini-album exhibe de plus
réussi. Le pire c'est que, pour peu qu'on arrive à suffisamment fermer
un œil pour voir le disque comme cela - un genre de doom crypto-dub -, c'est
à dire si l'on réussit à ne pas entendre les riffs comme des riffs
doom... La chose n'est pas tout à fait mauvaise ; mais il y a quelque
chose alors qu'on peut leur reprocher, c'est de ne pas des masses nous
aider, sur leur premier morceau, à envoyer le bois comme ils le font : sur le second,
en revanche, ils démontrent un savoir-faire nouveau - puisque donner dans le quasi-ambient était déjà une chose accoutumée pour eux, qu'ils
avaient coutume de faire très mal, avec l'effet narcotique au mauvais
sens du terme évoqué plus haut - dans la discipline
équilibriste consistant à faire dans le metal informe mais rythmé
malgré tout, juste ce qu'il faut, et compact mêmement, de façon à rester
captivant un minimum. Oh, on est encore loin d'Urfaust ; mais le fait que le "female" dans "female-fronted-doom" ne soit qu'un instrument de plus semble avoir été compris, et intégré au fait qu'on joue de l'ambient, si vous voyez ce que je veux dire ; puis le progrès fait toujours plaisir à voir.
Continuez vos efforts au prochain trimestre.
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